La Cour Administrative d’Appel (CAA) de Lyon a rendu coup sur coup deux dĂ©cisions majeures les 5 juin et 3 juillet 2025, confirmant les refus prĂ©fectoraux d’autorisation environnementale pour deux projets Ă©oliens dans l’Allier : Le Bouchaud et Deux-Chaises / Le Theil. Ces arrĂŞts marquent un tournant. Après des annĂ©es oĂą la justice administrative fondait principalement ses dĂ©cisions sur les impacts sur la biodiversitĂ© (oiseaux, chauves-souris, zones humides…), le paysage et la qualitĂ© de vie des riverains sont dĂ©sormais au cĹ“ur des dĂ©cisions de justice.

🏡 Le Bouchaud : un paysage saturé, des hameaux écrasés

Dans son arrêt du 5 juin, la CAA de Lyon a rejeté le recours du promoteur allemand VSB contre le refus préfectoral émis le 1ᵉʳ mars 2024. La cour relève un impact paysager fort de ce projet de 3 éoliennes de 200 mètres sur la commune du Bouchaud.

Photomontage depuis le lieu-dit L’Etoile issu du dossier du promoteur

Les motifs essentiels du rejet :

  • Un impact paysager jugĂ© fort dans un territoire de bocage Ă  faible relief. La cour souligne que les Ă©oliennes seraient visibles depuis de nombreux hameaux proches (L’Étoile, Les Chaumes, Les Grands Bots, Le Bourg), provoquant un effet d’écrasement visuel incompatible avec la protection des paysages et du voisinage.
  • Des distances rĂ©glementaires (500 m) insuffisantes pour garantir le respect de la commoditĂ© du voisinage, en raison de la hauteur des machines (200 m) et de leur visibilitĂ© dominante.
  • Les plantations proposĂ©es (haies, bourse aux arbres) sont jugĂ©es inadaptĂ©es Ă  attĂ©nuer l’effet visuel.

La cour estime que le seul impact paysager et visuel suffit à justifier le refus, sans même qu’il soit nécessaire de retenir les autres griefs (biodiversité, risques géotechniques ou hydrologiques).


🌳 Deux-Chaises et Le Theil : la commodité du voisinage enfin protégée

Le 3 juillet 2025, la même 7ᵉ chambre de la CAA a confirmé un second refus préfectoral, daté du 10 août 2023, contesté cette fois par le promoteur canadien Boralex pour le projet de Deux-Chaises / Le Theil.

Photomontage depuis le lieu-dit Le Bouchet issu du dossier du promoteur

Les points clés de la décision :

  • L’étude paysagère montre que certains hameaux (dont Le Bouchet) percevraient les Ă©oliennes sous un angle de plus de 90°, avec un alignement lisible sur l’horizon dans un paysage peu vallonnĂ©.
  • Bien que les habitations soient effectivement Ă  plus de 500 m, leur proximitĂ© relative et la taille massive des machines (jusqu’à 200 m) gĂ©nèrent un effet de surplomb particulièrement marquĂ©.
  • La cour note que les mesures compensatoires (plantations, haies) prĂ©vues ne permettraient pas de rĂ©duire notablement les nuisances visuelles et le ressenti d’intrusion dans l’environnement quotidien des habitants.

LĂ  encore, le raisonnement est clair : les atteintes au paysage et Ă  la commoditĂ© du voisinage sont suffisamment graves pour refuser l’autorisation, indĂ©pendamment d’autres facteurs Ă©cologiques.

⚖️ Une jurisprudence en évolution : une victoire pour les citoyens

Ces deux arrêts confirment une évolution attendue depuis longtemps : le paysage et la qualité de vie des habitants sont désormais des arguments de droit solides pour s’opposer à l’implantation de parcs éoliens inadaptés. Le juge reconnaît que ces projets peuvent dégrader durablement le cadre de vie des riverains, même en l’absence de destruction d’espèces protégées.

C’est une victoire pour les collectifs citoyens et les associations qui, depuis des annĂ©es, alertent sur la dĂ©gradation des paysages ruraux, l’effet d’encerclement, l’écrasement des hameaux, et l’atteinte au patrimoine local.

✊ Allier Citoyens salue ces décisions et appelle à la vigilance

Le Collectif Allier Citoyens se félicite de ces deux arrêts, qui traduisent enfin ce que les riverains vivent depuis des années : l’implantation d’éoliennes industrielles bouleverse un territoire rural, dégrade les paysages et porte atteinte à la tranquillité des habitants.

Ces arrêts montrent que le droit peut protéger les territoires – à condition d’être défendu avec rigueur et constance. Le Collectif Allier Citoyens continuera à soutenir les habitants, les communes et les associations mobilisées contre les projets industriels inadaptés à notre département.

Nous appelons tous les élus, citoyens, associations et maires à saisir cette nouvelle dynamique juridique pour argumenter leur opposition.

🛑 Le paysage n’est pas un décor. C’est un bien commun, une identité locale, une qualité de vie. Ces deux arrêts nous rappellent qu’il mérite d’être défendu, au même titre que la biodiversité.

🌄 Le vent tourne : le paysage et les riverains enfin pris en compte par la justice administrative

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