Vendredi 15 novembre 2024, une cinquantaine de personnes se sont réunies à Montmarault pour une réunion publique animée par le Collectif Allier Citoyens (CAC). Ce moment d’échange avait pour objectif de présenter en détail le projet éolien de Blomard, actuellement soumis à une enquête publique, et sensibiliser les participants aux limites des mesures proposées pour atténuer les impacts du projet.
L’enquête publique, débutée le 14 novembre, se poursuivra jusqu’au 16 décembre 2024, offrant à tous les citoyens et acteurs locaux la possibilité de s’exprimer.
Un Projet Éolien Controversé
Le promoteur canadien Boralex prévoit l’installation de quatre éoliennes géantes, de 200 mètres de hauteur, avec des pales de 75 mètres de longueur sur les communes de Blomard et Saint Bonnet de Four. Situées à environ 2 kilomètres au sud de Montmarault et à proximité immédiate de nombreux hameaux, ces éoliennes seraient implantées dans une région riche en biodiversité et sensible sur le plan paysager.
Des enjeux environnementaux majeurs
Lors de la présentation, le CAC a insisté sur plusieurs aspects problématiques :
- La biodiversité menacée : La zone d’implantation est un corridor écologique important, notamment pour des espèces migratrices comme les grues cendrées et de nombreuses espèces de chauves-souris toutes protégées comme la Noctule de Leisler ou la Pipistrelle de Kuhl.
- Le cadre de vie perturbé : Les nuisances sonores, les vibrations et l’impact visuel des éoliennes affecteraient directement les habitants des hameaux proches, comme La Moutière et Les Fourreaux.
- Le bocage en danger : La suppression de haies pour les travaux de construction compromettrait les écosystèmes locaux, déjà fragilisés par l’intensification agricole.
Focus sur les Faiblesses des Mesures ERC (Eviter – Réduire – Compenser)
Les mesures ERC sont censées réduire les impacts des éoliennes sur l’environnement et le cadre de vie. Pourtant, selon le CAC, elles se révèlent insuffisantes face aux enjeux identifiés :
1. Des mesures d’évitement peu ambitieuses
Le porteur de projet affirme avoir choisi un emplacement limitant les impacts, mais plusieurs critiques subsistent :
- Les éoliennes seraient installées à moins de 200 mètres des zones boisées, en contradiction avec les recommandations des associations de protection de l’environnement comme la SFEPM.
- La zone choisie est une zone humide avec de nombreux cours d’eau, mares et étangs qui habrite une très grande biodiversité.
- Les corridors migratoires d’oiseaux et les zones de chasse de rapaces (Milan royal, Faucon hobereau) ne sont pas évités.
- De nombreux monuments historiques sont à proximité immédiate.
2. Une réduction des impacts inefficace
Le projet prévoit des dispositifs techniques pour réduire les risques :
- Détection d’oiseaux et arrêt automatique des pales : Ces systèmes, coûteux, n’ont jamais démontré leur efficacité, sont supposés détecter les oiseaux à leur approche et stopper les machines pour éviter les collisions.
- Bridage des éoliennes : Les périodes d’arrêt volontaire des machines, limitées à certaines plages horaires et conditions climatiques, laissent de nombreuses fenêtres où les espèces restent exposées aux risques de collision.
3. Une compensation souvent symbolique
Pour compenser les impacts, le projet prévoit la replantation de haies et la création de nouveaux habitats. Cependant :
- Les haies replantées ne remplaceront pas immédiatement les fonctions écologiques des haies détruites.
- La création d’habitats artificiels reste rarement aussi efficace que les écosystèmes originaux.
- Le suivi des compensations à long terme est insuffisant pour garantir leur efficacité.
L’Enquête Publique : Une Occasion pour Agir
La réunion a également permis de rappeler les modalités de participation à l’enquête publique, étape essentielle pour influencer la décision finale.
Pourquoi participer ?
L’enquête publique permet à chacun de s’exprimer, que ce soit pour soutenir ou contester le projet. Les avis recueillis, qu’ils soient techniques ou basés sur des préoccupations personnelles, sont pris en compte dans l’analyse globale.
Comment participer ?
- En déposant une observation dans le registre numérique, accessible en ligne ici.
- En vous rendant dans les mairies concernées pour consulter le dossier et inscrire vos commentaires.
- En assistant aux permanences des commissaires-enquêteurs, qui permettent d’échanger directement avec des experts.
Les citoyens ont jusqu’au 16 décembre 2024 pour faire entendre leur voix.
Un Moment d’Échange et de Convivialité
Après l’exposé de 90 minutes, les participants ont pu échanger de manière informelle autour d’un verre. Ce moment convivial a permis de répondre aux questions spécifiques des riverains, notamment sur :
- Les risques sanitaires liés aux infrasons.
- La compatibilité du projet avec les plans locaux d’urbanisme et le Plan Climat Air Énergie Territorial.
- Les potentielles alternatives pour limiter les impacts environnementaux.
Un Débat Citoyen Essentiel
La réunion publique a permis de mettre en lumière les nombreuses zones d’ombre et faiblesses du projet éolien de Blomard, notamment en ce qui concerne les mesures ERC. Le CAC a appelé à une mobilisation citoyenne massive pour participer à l’enquête publique et défendre les intérêts des habitants et de la biodiversité locale.
En prenant le temps de s’informer et de s’exprimer, chaque citoyen peut contribuer à façonner l’avenir de son territoire. N’attendez plus pour participer à l’enquête publique, accessible jusqu’au 16 décembre 2024, via le registre numérique ou en mairie.
https://www.registre-dematerialise.fr/5707
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