Je reviens enfin sur ce majestueux plateau de la Verrerie après l’avoir laissé, à regret, il y a un peu plus d’un an. J’ai hâte de reprendre mes ballades riches en découvertes de la flore et de la faune propre à ce milieu de tourbières, de landes et de forêts. Peut-être aurai-je la chance de croiser le cuivré de la bistorte, petit papillon endémique de la Madeleine, ou son cousin, le damier de la sucisse, espèces protégées. Quelle surprise me réserve encore ce coin de verdure préservé ? En parcourant les zones Natura 2000, je pourrai peut-être observer la droséra à feuilles rondes, l’andromède à feuilles de podium ou encore la leucorrhine douteuse, petite libellule voletant au dessus des tourbières.
Peut-être, le soir venu, aurais-je la chance d’entendre le cri de la chouette de Tengmalm déchirant le calme de la nuit.
Je m’arrête enfin dans ce petit hameau où les chanceux qui l’habitent peuvent contempler cette nature tellement apaisante, loin de toute pollution. Je sors de ma voiture excité par l’aventure qui commence …
Mais quelle horreur ! Quelle est cette perspective inattendue qui se présente devant moi ? Une éolienne industrielle juste dans l’axe de la route !
Mais comment en est-on arrivé là ?
Et bien tout simplement :
1°) On loue des terrains, on fait une étude qui conclue que le projet est complètement écologique et responsable, sans aucune atteinte à la nature. On s’arrange pour que les autochtones comprennent qu’ils ont tout à gagner et on obtient une autorisation. C’est la volonté de l’État !
2°) On coupe des arbres, on déplace des tonnes de terre et de rochers, on creuse …
3°) On passe des câbles sur des dizaines de kilomètres, pour 3 millions d’euros.
On assemble des tonnes de ferrailles, on coule des centaines de m³ de béton puis on referme.
4°) On fait venir les éléments de l’éolienne par la mer et par la route dans des convois exceptionnels hors gabarit.
5°) On assemble tout ça à l’aide de grues surdimensionnées et voilà !
La tourbière de la Font Blanche, zone Natura 2000, cernée par la centrale éolienne des Noës.
Mais pourquoi fait-on tout ceci ?
Au nom de quoi ?
Pour qui ?
A qui profite le crime ?
Pourquoi faut-il abîmer toute cette nature au risque de perturber toute la biodiversité qui a mis des millénaires à s’équilibrer, au risque de polluer les tourbières et l’eau des sources si précieuse ?
Monsieur le Président, comment pouvez-vous croire que les éoliennes industrielles sont une solution pour sauver la planète ? Leur intermittence en fait une plaie pour notre production d’électricité et leurs nuisances une souffrance pour la nature et les êtres qui l’habitent. Quel intérêt vous pousse à accélérer ce naufrage énergétique qui ne profite ni à la Terre ni à ceux qui l’habitent mais seulement aux opportunistes qui se servent de votre faiblesse pour engranger un maximum d’argent ?
Immonde, écœurant, à vomir…